La décision annoncée ce soir par le Président de la République, de reconnaître officiellement l’État de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies en septembre, est historique, attendue et courageuse. Elle honore nos valeurs universelles, mais elle nous oblige immédiatement à agir.
Face à la tragédie humanitaire qui frappe aujourd’hui Gaza, la France doit désormais se montrer cohérente, fidèle à elle-même et prendre ses responsabilités. Gaza est un territoire martyrisé depuis trop longtemps, où près de deux millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont pris au piège, soumis à la faim, à la soif, privés d’accès aux soins médicaux élémentaires. Cette urgence absolue ne peut attendre.
La famine qui menace Gaza impose un devoir impératif à notre pays, attaché depuis toujours aux droits humains et à la responsabilité de protéger les populations civiles menacées. La France devrait donc prendre immédiatement l’initiative d’une vaste opération humanitaire internationale visant à acheminer directement à Gaza des vivres, des médicaments et du matériel médical d’urgence.
Pour cela, la France devrait sans délai informer le Conseil de sécurité de l’ONU et saisir en parallèle l’Assemblée générale des Nations unies, afin de garantir la légitimité internationale indispensable à cette opération humanitaire urgente. Elle devrait inviter tous les États, européens et non européens, qui partagent cette exigence morale et cette volonté d’action concrète à rejoindre une large coalition de volontaires.
Le moment est venu pour la France de renouer avec sa vocation universelle, avec l’esprit d’indépendance, de responsabilité et d’initiative diplomatique qui constitue le cœur de son identité. Nous ne pouvons plus nous contenter de mots ou d’appels sans lendemain. Il est temps de démontrer concrètement au peuple palestinien à Gaza que la reconnaissance d’un État ne sera pas seulement symbolique, mais qu’elle s’accompagnera d’un engagement réel, tangible et immédiat en faveur de leur dignité humaine et de leur droit à vivre décemment.
Cette initiative humanitaire que la France devrait mener, ouverte à tous les États volontaires, serait le signe fort du retour de notre pays à sa vocation de puissance médiatrice et solidaire, capable d’entraîner les nations sur la voie de l’action humanitaire et de la solidarité internationale. La France a rendez-vous avec elle-même, avec son histoire et avec son honneur.
– Dominique de Villepin